Télésurveillance en santé : entre potentiel organisationnel et preuve clinique encore fragile
- Mélissa PAYEN
- 16 avr.
- 3 min de lecture

Alors que la réévaluation des lignes génériques de télésurveillance par la Commission nationale d’évaluation des dispositifs médicaux et des technologies de santé (CNEDiMTS) se profile pour 2026, un constat persiste : la télésurveillance a prouvé son utilité en matière d’organisation des soins mais la preuve clinique reste insuffisante dans plusieurs aires thérapeutiques. Ce décalage entre promesse et preuves freine aujourd’hui son adoption à grande échelle.
Un frein au décollage, notamment en pneumologie
Lors des récentes Assises du numérique en santé respiratoire, la Haute Autorité de Santé (HAS) et la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) ont souligné un paradoxe préoccupant : alors que la télésurveillance est désormais encadrée et remboursée, son usage peine à se diffuser, notamment en pneumologie. Le manque de données cliniques solides est au cœur du problème. La télésurveillance permettrait pourtant une meilleure anticipation des exacerbations, un suivi plus fin des pathologies chroniques, et une coordination renforcée entre acteurs. Mais dans la pratique, les preuves cliniques pour appuyer ces bénéfices restent trop faibles pour convaincre pleinement les décideurs et les prescripteurs.
Des critères d’évaluation à repenser
Ce blocage met en lumière une interrogation de fond : les méthodes classiques d’évaluation issues du médicament sont-elles adaptées aux dispositifs médicaux numériques ? Les industriels, via le SNITEM, plaident pour une refonte des critères d’évaluation, tenant compte des spécificités des outils numériques : évolutivité, personnalisation, impact organisationnel et non uniquement biomédical.
Cette demande rejoint un constat de plus en plus partagé : il est nécessaire de concevoir des méthodologies hybrides, mêlant données de vie réelle, retours d’usage et indicateurs de performance populationnelle. Car si l'efficacité clinique "standardisée" tarde à être démontrée, l’impact sur la qualité des soins et l’efficience du système est, lui, déjà palpable dans certains contextes.
Des retours de terrain précieux pour guider l’avenir
En 2024, Catel avait coordonné la production d'un rapport sur l'essaimage de la télésurveillance médicale, basée sur des témoignages d'acteurs de différentes filières médicales, sur différents territoires. Cette publication du Collectif Télésurveillance Médicale, au terme d'un travail de mutualisation d'informations et de réflexions entre experts, mettait en évidence des difficultés concrètes aux déploiements d'usages sur le terrain, dépassant les questions scientifiques, économiques et/ou techniques fréquemment abordées. En effet, la question de l'organisation de la télésurveillance médicale sur les territoires interrogeait à l'époque les contributeurs, et pourrait expliquer en partie ce développement hétérogène et peu coordonné des usages de télésurveillance médicale selon les filières et les territoires. Le groupe relevait que, partant des textes réglementaires et des solutions sur le marché, chaque établissement pouvait développer une organisation de télésurveillance dans le ou les domaines de son choix, sans nécessairement se coordonner avec les autres établissements ou professionnels de ville engagés dans ces pratiques sur le même territoire. Ainsi, pour des raisons historiques, ou en fonction de la stratégie de déploiement des fournisseurs de solutions, ou des expérimentations en cours, certains usages de télésurveillance pouvaient être fortement représentés sur certains territoires, alors que d'autres usages peinaient à se développer. Le Collectif, à l'époque, avait conclut qu'une meilleure coordination des usages de télésurveillance à l'échelle du département ou du territoire permettrait d'identifier plus clairement les usages de télésurveillance encore peu couverts sur la région, voire de soutenir potentiellement ces usages en créant des centres opérateurs de référence sur ces sujets de sorte que les patients puissent y avoir accès. Cela favoriserait également une clarification des organisations existantes pour les prescripteurs (libéraux en particulier), permettant d'orienter les patients plus facilement selon leur profil médical. Une approche intéressante, à condition que les professionnels de santé de la ville comme de l'hôpital soient largement informés et formés ce sujet.
Encourager l’action et la transformation : assistez au webinaire
Chez Catel, nous sommes convaincus du potentiel des outils numériques de télésurveillance pour transformer durablement le suivi des patients. Nous appelons les entreprises innovantes du secteur à saisir les opportunités offertes par le droit commun de la télésurveillance, en s’inscrivant pleinement dans les procédures d’évaluation et de remboursement aujourd’hui en vigueur.
Pour approfondir ces enjeux, un Happy Meeting, nos webinaires en e-santé, sera dédié à la télésurveillance le 29 avril prochain, de 13h à 14h. Il sera l’occasion d’échanger autour des perspectives d’évolution, des freins persistants et des leviers pour un déploiement réussi. Inscription gratuite en cliquant ici.